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le renoncement est la base

18/08/2024

Le renoncement est la base

Le terme de renoncement a bien souvent une connotation péjorative. On l’évoque au moment où on jette l’éponge, où on baisse les bras, voire pire, où on développe une forme de résignation.
Cette dernière est alors souvent accompagnée d’un goût amer d’échec, de défaite. C’est la posture d’une personne épuisée, qui est lasse de faire des efforts vains qui ne la conduisent pas vers le but qu’elle s’est fixé.
Là, le renoncement s’impose de tout son poids, laissant la personne vaincue, à terre.

Pourquoi hésitons-nous à renoncer ?
Dans les sociétés qui prônent la valeur de l’égo et du succès permanent, le renoncement est souvent perçu comme l’apparat du faible, la victoire du désespoir sur l’espoir. On le délaisse pour la pugnacité, voire l’entêtement et on préfère « flotter sans grâce que couler en beauté ».

Mais pourtant il existe un renoncement positif et volontaire.

Cette forme de renoncement naît après une observation fine de nos habitudes et nos actions, afin d’obtenir une vision claire de ce qui est dysfonctionnant, hors de tout jugement de valeur.
Elle est un choix d’action au même titre que les autres, non une impasse.
Je dirais même qu’elle est LA solution car elle est à la source de toute chose, à la base de tout progrès.

Prenez un temps pour observer quels ont été les renoncements, pour lesquels vous avez opté dans votre vie.

Regardez sans jugement de valeur les changements qu’ils ont engendrés, à terme.

L’enfant qui veut faire son premier pas renonce à la posture droite, en équilibre sur ses deux jambes. Cet équilibre qu’il a mis tant de temps à acquérir, il le cède pour un déséquilibre qui lui permettra son premier pas, la marche en avant!
Celui qui s’émancipe renonce au confort douillet de l’amour parental pour oser ses propres expériences à travers le monde.
A bien y regarder, tous nos grands choix ne sont-ils pas faits, à la base, d’un renoncement?

Le renoncement n’est pas facile, car il est rupture et souvent les habitudes et la peur du changement y font obstacle. Mais s’il est fait dans la joie et la confiance, il nous conduira assurément vers quelque chose de bon pour nous.

A terres à Terre nous avons renoncé aux programmes traditionnels de sauvegarde, de replantation, de réintroduction d’espèces…et nous en récoltons les premiers fruits!

 

le terme de renoncement a bien souvent une connotation péjorative...

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Qui était John Muir ? (partie 3)

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Qui était John Muir ? (partie 2)

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Ne rien faire ou faire rien?

14/07/2024

Ne rien faire ou faire rien?

Il y a un an, on vous présentait le procédé de renaturation, tel qu’on l’envisageait à terres à Terre. Et lorsqu’on évoquait notre action, autour de nous, on entendait souvent “donc en gros, vous ne faites rien”.

Aujourd’hui on vous propose de nous pencher sur la notion de « ne rien faire » qui semble liée à ce procédé.

Cette dernière est trop souvent assimilée à une absence d’activité.

En effet, quand on pose la question « qu’est-ce que tu fais? » et qu’on est en train de bailler en rêvant à nos prochaines vacances au bord de mer on répond « rien ». D’où certains sourires entendus devant un concept de sauvegarde de la nature en ne faisant rien…

En ce sens, la Terre et le monde sont différents.  Il n’existe qu’une Terre mais il existe des milliards de mondes car il existe des milliards de façons de le percevoir, et surtout d’y projeter la façon dont notre conditionnement personnel s’exprime au travers des expériences uniques et personnelles que nous faisons.

C’est ainsi qu’à un « rien faire » nous préférons un « faire rien ». 

Jeu subtil de sémantique? Pas tant que ça.

Car lorsque je fais rien, je ne suis pas dans l’inaction. Je m’attache à observer les choses se produire, avec leurs propres lois, selon leur propre nature.

Je me tiens dans un espace où il y a de la perception, sans intention, pas même celle de réussir à, ou d’atteindre un objectif .

Je me tiens dans une posture où je tente de cesser les projections de mon conditionnement.

C’est pourquoi le concept de renaturation est si difficile à mettre réellement en œuvre. Difficile même à concevoir, pour certains, parce que ma conscience personnelle doit se faire discrète. Or l’ego a peur que les activités lui soient enlevées et que par là, il disparaisse.

Mais la vie est activité et ne peut (ni ne doit) être arrêtée. Les activités elles-mêmes sont pures. Faire rien ne signifie pas rester immobile comme une statue de pierre. C’est agir, mais sans être guidé par une identité égoïque.

Faire rien, c’est se retirer du champ du faire et du savoir pour aller vers une connaissance plus profonde, qui n’est pas conceptuelle.

Car les apprentissages et les mémoires n’égaleront jamais la richesse présente de façon naturelle, en toute chose.

Il faut tenter d’aller vers ce qui est avant l’apprentissage et après l’oubli.

Donc, quoi faire ? Ça ou autre chose ?

La réponse arrive une fois établi dans la juste perception de la non-activité, là où on peut avoir toute connaissance et toute activité car notre relation à l’action est alors bonne.

Aucune activité née d’ un mental plein d’ illusion ne peut conduire à un but juste.

Car seule la vie prend soin de la vie. Pas l’égo.

le terme de renoncement a bien souvent une connotation péjorative...

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Qui était John Muir ? (partie 3)

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Qui était John Muir ? (partie 2)

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Qui était John Muir, pionnier de la préservation ? (partie 3)

12/12/2022

Qui était John Muir, pionnier de la préservation ? (partie 3)

Partie précédente du portrait de John Muir à retrouver en cliquant ici.

Muir aura eu l’originalité d’imaginer le Yosemite et la Sierra comme des terres vierges.

Il pense que la plus grande menace pour les terres de Yosemite et de la Sierra est de les transformer en pâturages, notamment pour l’élevage des moutons domestiques.

En juin 1889, l’influent éditeur associé au magazine Century, Robert Underwood Johnson, campe avec Muir dans les prairies de Tuolumne et constate au premier regard les ravages qu’un large troupeau de moutons a fait subir à la prairie. Johnson accepte de publier tous les articles que Muir a écrits contre les pâturages de la Sierra.

Il accepte aussi d’utiliser son influence pour présenter un projet de loi au Congrès qui donne au Yosemite le statut de parc national, sur le modèle du parc national de Yellowstone.

La loi est votée au congrès le 30 septembre 1890 mais laisse la vallée de Yosemite et le Mariposa Grove sous le contrôle de l’État de Californie.

Avec cette victoire partielle à son actif, Muir contribue à la création d’une organisation écologiste appelée le Sierra Club, le 28 mai 1892 dont il est élu premier président (une fonction qu’il gardera jusqu’à sa mort le 24 décembre 1914).

En 1894, son premier livre, Les Montagnes de Californie, est publié.

En juillet 1896, Muir se lie d’amitié avec un autre grand leader du mouvement conservateur, Gifford Pinchot.

Mais cette amitié se termine à la fin de l’été 1897, lorsque Pinchot publie, dans un journal de Seattle, une déclaration encourageant les pâturages de moutons dans les réserves forestières. Ce clivage philosophique s’étend, et divise le mouvement conservateur en deux camps : les « préservateurs », menés par Muir, et le camp de Pinchot, qui garde le terme « conservateur ».

Muir est profondément opposé à la commercialisation de la nature. Muir argumente en faveur de la préservation des ressources pour leur valeur spirituelle ; Pinchot voit la conservation comme un moyen de gestion intelligente des ressources du pays.

Les deux hommes s’opposent âprement sur l’exploitation des ressources naturelles, y compris sur la déforestation.

« Notre bonne Terre avait déjà accompli quantité de voyages réussis autour des cieux avant même que l’homme eût été créé, et des règnes entiers de créatures avaient joui de l’existence puis étaient retournés à la poussière avant que l’homme fût apparu pour les revendiquer. Après que les humaines auront joué leur rôle dans le plan de la Création, ils pourraient bien disparaître eux aussi, hors de toute conflagration générale, de toute commotion extraordinaire  ».

John Muir dans Quinze cents kilomètres à pied à travers l’Amérique profonde.

Aujourd’hui, l’héritage de John Muir est maintenu par son arrière-petit-fils, Michael Muir, qui fonda le groupe Access Adventure pour aider les personnes en fauteuils roulants à découvrir la nature.

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Qui était John Muir ? (partie 3)

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Qui était John Muir ? (partie 2)

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Qui était John Muir, pionnier de la préservation ? (partie 2)

05/12/2022

Qui était John Muir, pionnier de la préservation ? (partie 2)

Première partie du portrait de John Muir à retrouver en cliquant ici.

… Encore plus enthousiaste sur la région qu’avant, Muir trouve un emploi dans une scierie dans la vallée de Yosemite.

Inventeur né, Muir dessine un moulin à eau pour couper les arbres mis à terre par le vent et se construit une petite cabane le long de la Yosemite Creek.

Son intérêt pour les sciences, plus spécialement pour la géologie, occupe son temps libre et il acquiert bientôt la conviction que les glaciers ont sculpté la vallée de Yosemite et ses environs.

Cette intuition est en complète contradiction avec la théorie alors en vigueur, promulguée par Josiah Whitney (à la tête du California Geological Survey), qui attribue la formation de la Vallée à un tremblement de terre catastrophique.

Discrédité par Whitney, Muir est soutenu dans ses théories par Louis Agassiz, premier géologue, qui trouve de l’intérêt dans les théories de Muir, et le désigne comme : « le premier homme à avoir une conception juste de l’action des glaciers ».

En 1871, Muir découvre un glacier alpin en activité derrière Merced Peak, ce qui aide profondément à la prise en considération de ses théories. Il est aussi un écrivain très productif, un grand nombre de ses livres sont publiés jusqu’à New York.

En complément de ses études de géologie, Muir enquête aussi sur la botanique dans la région de Yosemite. Il suit deux spécialisations, la répartition du séquoia géant le long du flanc ouest de la Sierra Nevada, et l’écologie de ses bosquets isolés, en 1873 et 1874. En 1876 l’Association Américaine pour le Progrès de la Science publie une note de Muir à propos de la répartition et de l’écologie des arbres.

« Il semble bien du reste (…) qu’en faisant plantes et animaux la Nature puisse avoir pour objet le bonheur de chacun d’entre eux et non pas que la création de tous ne vise qu’au bonheur d’un seul. Sans l’homme, l’univers serait incomplet. Mais il le serait tout autant sans la plus petite créature transmicroscopique vivant hors de portée de nos yeux et de notre savoir présomptueux ».

John Muir dans Quinze cents kilomètres à pied à travers l’Amérique profonde.

En 1880, Muir épouse Louisa Wanda Strentzel, dont les parents sont propriétaires d’une grande ferme et de vergers à Martinez, une petite ville de Californie, au nord-est de San Francisco.

Pendant les dix années suivantes, il s’occupe de la gestion de la ferme familiale, soit 2 600 hectares de vergers et de vignes qui deviennent très prospères.

Si vous voyagez dans ce coin du monde, la maison et une partie de la ferme sont maintenant « Site Historique National ».

Suite du portrait de John Muir à retrouver la semaine prochaine, à la même adresse.

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Qui était John Muir ? (partie 3)

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Qui était John Muir ? (partie 2)

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Qui était John Muir, pionnier de la préservation ? (partie 1)

28/11/2022

Qui était John Muir, pionnier de la préservation ? (partie 1)

Ce qu’on pourrait appeler la pensée écologique est présente depuis une période relativement longue, et les principes fondamentaux de l’écologie furent développés progressivement, intimement liés au développement d’autres disciplines biologiques.

Ainsi, un des premiers écologistes a pu être Aristote ou peut-être un de ses élèves, Théophraste, tous deux s’étant intéressés aux relations entre animaux ainsi que les relations entre les animaux et leur environnement dès le IVe siècle av. J.-C. !

Les idées écologistes trouvent leur source dans les grands voyages d’exploration des navigateurs européens (Portugal, Espagne, France, Royaume-Uni, Hollande) qui eurent lieu à partir de la Renaissance, pour explorer le monde, développer le commerce maritime avec d’autres pays, et exploiter de nouvelles ressources naturelles.

Même si leur objectif n’était pas celui-là, les voyages de découverte ont favorisé l‘essor des sciences de la nature et ont permis de faire les premiers inventaires. Ainsi, les Grandes découvertes ont bouleversé la représentation du monde héritée du Moyen Âge et ont engendré les premières idées écologiques en Europe.

Parmi les premiers naturalistes qui ont accompagné les voyages de découverte, on trouve le français Pierre Belon qui, au cours de son périple au Levant (Grèce, Turquie, Égypte, Palestine, Arabie) de 1546 à 1549, fait un grand nombre d’observations sur l’histoire naturelle et les mœurs des habitants.

On trouve aussi le français André Thevet, qui ramène de son voyage au Brésil en 1555-1556 des planches représentant la forêt tropicale, des animaux, et des végétaux sauvages cultivés par les indigènes.

Mais aujourd’hui nous vous proposons de vous pencher sur un curieux personnage : John Muir.

John Muir est né le 21 avril 1838 en Ecosse et bien qu’ayant réussi avec brio ses études, il opte pour s’inscrire à « l’université de la vie sauvage ». A peine âgé de 30 ans, il livre dans un carnet de route les observations qu’il fait sur les près de 1500 kilomètres qu’il fera à pied de l’Indiana à la Floride !

« Qu’il est étrange que nous soyons rendus aveugles à la beauté et à la couleur, à la forme et au mouvement, par une simple différence de taille ! Ainsi nous mesurons les herbes selon notre propre stature et selon la hauteur et le volume des arbres(…) Nous ne sommes tous que des animalcules microscopiques ».

John Muir dans Quinze cents kilomètres à pied à travers l’Amérique profonde.

Il faut rappeler que vers 1850, une rupture de pensée a lieu avec la parution de l’ouvrage de Charles Darwin intitulé « De l’origine des espèces »: on passe des représentations statiques des espèces à des représentations évolutives.

Le concept d’écologie apparaît en 1859 dans le préambule de ce livre, sous le nom d’« économie de la nature ». Il y décrit les relations entre les prairies de trèfles, pollinisés par les bourdons, et les chats qui mangent les mulots qui eux-mêmes délogent les bourdons de leurs terriers.

Arrivé à San Francisco en mars 1868, Muir part immédiatement à la recherche d’un lieu dont il ne connaissait que le nom, Yosemite.

Découvrant la vallée de Yosemite, il est captivé et écrit « Aucun temple construit de la main de l’homme ne peut être comparé à Yosemite », et « Yosemite est le plus grand de tous les temples dédiés à la Nature. »

Muir est un véritable touche-à-tout, autodidacte, passionné d’explorer le monde et la nature humaine : après un premier séjour, il retourne dans les montagnes de la Sierra Nevada et devient conducteur de ferry, berger puis amateur de rodéo.

En mai 1869, un propriétaire de ranch lui propose un travail d’été, consistant à mener et surveiller son troupeau de moutons. Muir accepte l’offre avec enthousiasme, et passe l’été dans la région de Yosemite. Ce même été, il escalade le pic Cathedral, le mont Dana et fait une marche le long d’une vieille piste amérindienne du Bloody Canyon au lac Mono.

En même temps il commence à travailler sur des théories concernant la façon dont la région s’est développée et dont son écosystème fonctionne….

Suite du portrait de John Muir à retrouver la semaine prochaine, à la même adresse.

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Qui était John Muir ? (partie 3)

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Qui était John Muir ? (partie 2)

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Les institutions du bien des sols, partie 3 : la SAFER aujourd’hui

14/11/2022

Les institutions du bien des sols, partie 3 : la SAFER aujourd'hui

Suite et fin de notre série d’articles sur l’évolution des Sociétés d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural (SAFER) en France, d’après le livre-enquête de Lucile Leclair ‘Hold up sur la terre’ publié aux éditions du Seuil.

Comme on l’a vu dans les articles précédents, les SAFER ont presque totalement perdu les fonds publics qui leur étaient destinés. Elles doivent désormais accomplir leur mission de protection du foncier agricole en dépendant majoritairement des commissions qu’elles tirent de leurs ventes.

Or, financement mis à part, il existe une autre métamorphose du marché foncier qui s’est jouée depuis quelques décennies.

Alors qu’à leur création, la plupart du foncier appartenait à des particuliers, aujourd’hui, de plus en plus de grands groupes industriels possèdent des terres.

Les SAFER ont pour mission d’arbitrer le marché foncier des particuliers, pas le marché des entreprises. Il suffit donc de racheter une part majoritaire d’une entreprise pour avoir le contrôle de ce qui s’y joue sur ses terres sans passer par le droit de pré-emption des SAFER.

On estime aujourd’hui qu’un hectare sur trois échappe au droit de regard des SAFER par ce tour de passe passe.

Ce problème, qui a commencé autour des années 2000, n’est pas passé inaperçu : entre 2017 et 2020, trois propositions de loi ont été faites pour modifier la loi sur la vente du foncier. Toutes ont été rejetées.

Ce n’est qu’en 2021 que les SAFER voient leur mission étendue au marché de toutes les ventes d’entreprises propriétaires de foncier agricole. Mais cette nouvelle loi ne met toujours pas de frein sur l’omerta que les grandes entreprises ont sur le foncier agricole.

Il existe deux solutions pour éviter que le foncier ne parte à des grands groupes, et c’est là que l’action de terres à Terre entre en jeu !

  • On peut d’une part empêcher le rachat du foncier agricole.
  • On peut aussi se regrouper en coopératives locales qui achètent le foncier et permettent de le redistribuer à des prix qui sont moins soumis aux aléas du marché foncier.

Il existe donc des solutions, et c’est pour cela que nous avons décidé de nous atteler à cette tâche en créant cette association qui prend le pari de regarder la terre sous le prisme du vivant et non pas de la sécurité alimentaire uniquement car l’un ne pourra jamais aller sans l’autre.

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Qui était John Muir ? (partie 3)

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Qui était John Muir ? (partie 2)

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Les institutions du bien des sols, partie 2 : l’évolution de la SAFER

07/11/2022

Les institutions du bien des sols, partie 2 : l'évolution de la SAFER

Dans  l’article précédent sur les institutions françaises qui régissent l’utilisation et la propriété du territoire, nous vous présentions la naissance des SAFER (Sociétés d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural).

Aujourd’hui, toujours d’après le livre-enquête de Lucile Leclair, nous allons retracer l’évolution que ces sociétés ont prise depuis leur création en 1960.

Alors financées à hauteur de 80% par des subventions publiques, les SAFER pouvaient agir sans but lucratif pour réguler les ventes de foncier dans chaque département (il en existe une par département).

Depuis 2017, le financement des SAFER provient à hauteur de 2% de fonds publics, et ceux-ci sont issus des régions, non de l’Etat.

Le reste de leur budget découle donc des commissions qu’elles touchent sur les ventes (90%) et d’études qu’elles réalisent à destination des collectivités territoriales (8%).

En parallèle, depuis 60 ans, s’opère progressivement une déviance de la mission originelle des SAFER qui accompagne les changements du monde rural.

En effet, alors qu’à leur création, 45% de la population vit dans des communes rurales, et 7 millions de personnes travaillent dans l’agriculture, un basculement s’opère avec le territoire rural qui ne devient plus lieu de vie mais un lieu aux enjeux multiples d’étalement urbain, touristique et de résidences secondaires.

En 1990, la loi de développement rural et protection de l’environnement permet aux SAFER de réorienter des terres vers d’autres usages qu’agricoles pour le développement rural et l’environnement.

En 1999, la loi permet aux SAFER d’acquérir des biens en milieu rural pour les revendre à des acheteurs dont les projets s’inscrivent dans les politiques de développement local, donc pas forcément agricoles.

Ce modèle, unique en Europe que beaucoup nous enviait, s’est donc métamorphosé, en partie pour accompagner les changements ruraux, mais aussi en partie en subissant ces changements plutôt qu’en les façonnant. 

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Qui était John Muir ? (partie 3)

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Qui était John Muir ? (partie 2)

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Les institutions du bien des sols, partie 1 : la création de la SAFER

31/10/2022

Les institutions du bien des sols, partie 1 : la création de la SAFER

Dans des posts précédents, on vous a parlé de services écosystémiques et d’économie de l’environnement.

Les grands enjeux de cette économie sont bien souvent les espaces, que beaucoup de parties prenantes souhaitent s’approprier.

Au travers de cette série d’articles, on aimerait revenir sur les institutions qui régissent la distribution des terres en France, car c’est vraiment là le cœur de la thématique de terres à Terre.

Mais avant de faire le bilan actuel, il faut remonter un peu en arrière pour mieux comprendre comment nous en sommes arrivé.e.s là.

On vous résume donc la première partie du livre-enquête de Lucile Leclair ‘Hold-up sur la terre’ court et très bien écrit sur ce sujet.

En France, la loi encadre (ou encadrait) relativement strictement la vente de terres cultivables.

Clairement le système a beaucoup changé depuis le moyen-âge, où il y avait d’un côté les serfs qui cultivaient la terre et les seigneurs qui la possédaient, possédaient le fruit du travail des serfs et ne leur rétribuaient que le minimum de ce dont ils avaient besoin pour survivre.

En 1789, révolution française, le statut de seigneur est envoyé aux oubliettes et les terres sont vendues aux enchères.

Sauf que, évidemment, les serfs n’ont pas les moyens de les acheter, et dans la majeure partie des cas ce sont les bourgeois qui se les procurent.

Le deuxième chamboulement arrive grâce à l’instauration du suffrage universel masculin en 1848 qui donne donc droit de vote aux paysans hommes – pour les femmes il va falloir attendre presque un siècle, soit 1944…-.

Et là, Léon Gambetta (président de la chambre des députés), se rend bien compte qu’il y a toute une tranche de la société qui a été oubliée jusque là et qu’il va falloir convaincre aux élections : à savoir, non pas ceux qui possèdent la terre, mais ceux qui la travaillent.

Donc il crée le crédit agricole en 1880 pour que ce soit beaucoup plus facile aux paysans d’emprunter de l’argent, et à des taux d’intérêt beaucoup plus bas. C’est le vrai premier tournant pour les travailleurs de la terre.

 

Alors qu’au début du 19e siècle, moins d’un quart des terres en France appartiennent aux paysans, cent ans plus tard c’est plus de la moitié.

[parenthèse : c’est aussi dû à l’essor de l’industrie qui a lieu à peu près en même temps qui fait que les bourgeois se désintéressent de la terre]

La période qui suit la deuxième guerre mondiale marque le deuxième tournant en faveur des paysans. En 1942, François Tanguy-Prigent, un paysan et résistant de l’époque fonde la « confédération générale de l’agriculture », un syndicat clandestin. Rapidement il se voit nommé ministre de l’agriculture.

C’est d’ailleurs après la seconde guerre mondiale que ce ministère prend énormément d’importance.

Après que la population française a connu la faim pendant la guerre, on se rend d’autant plus compte de l’intérêt de l’autosuffisance alimentaire du pays, qui repose presque tout entier sur les épaules des paysans.

C’est ainsi qu’en 1946 la loi sur le fermage est votée. C’est le deuxième tournant qui vient en appui des travailleurs de la terre. Avec cette loi le bail fermier (la « location » de la terre) est d’une durée par défaut de 9 ans, avec reconduction automatique et le propriétaire ne peut expulser le paysan que si c’est pour travailler la terre lui-même. Au travers de cette loi, les locataires deviennent des quasi-propriétaires de la terre.

Seulement il y a encore un ‘hic’, car dans ‘quasi’, cela veut bien dire que ceux qui travaillent la terre n’en sont toujours pas les propriétaires, et que bien trop souvent, lorsqu’une terre est mise à la vente, ce sont les plus aisés qui s’en emparent.

Cela change en 1960, lorsque Edgar Pisani, ancien résistant et alors ministre de l’Agriculture, promeut une loi qui lutterait contre la spéculation foncière qui a lieu à cette époque. On assiste alors à la création des Sociétés d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural, ou “SAFER” pour les intimes chargées d’intervenir dans les ventes de terres et d’accorder la vente en priorité aux agriculteurs.

Ces sociétés existent encore aujourd’hui, et c’est par elles que doivent encore passer les propriétaires et acquéreurs de terres.

Nous verrons dans le prochain post l’évolution qu’elles ont prises et pourquoi ce sont des enjeux cruciaux quand on regarde à quoi pourrait bien ressembler les paysages français dans les décennies qui viennent.

 

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Qui était John Muir ? (partie 3)

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Qui était John Muir ? (partie 2)

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La déviance entre l’économie des mesures de compensation et l’économie de l’environnement 2ème partie

24/10/2022

La déviance entre l'économie des mesures de compensation et l'économie de l'environnement (partie 2)

On voit bien que les enjeux en terme de biodiversité s’ils ne sont abordés qu’en terme de services rendus demeurent limités. Les notions de protection de la biodiversité et de protection des services écosystémiques ne se recoupent que partiellement.

Aborder les politiques publiques sous cet angle revient donc à abandonner des pans entiers de nature…

Car, premièrement, un service n’est qu’un service du point de vue de son bénéficiaire et cela peut évoluer avec le temps.

Deuxièmement, La notion de service relève du registre normatif (qui fait référence à une idée du bien) et non descriptif.

Troisièmement, les bénéfices doivent -ils être pensés de façon individuelle ou collective ? Subjective ou objective ? Encore faut-il que nos préférences concourent toutes à notre bien-être…

On en est donc arrivé à une instrumentalisation de la nature par l’équation suivante :

La nature a une valeur (de bien-être + économique) pour l’homme DONC elle a une utilité.

A partir de cette notion, Il y a certaines valeurs qui s’échangent directement sur le marché (les arbres, les droits d’entrée dans des parcs…) et on ramène la valeur des biens à ce qui les menace (cours du bois = valeur de la forêt ; cours du poisson = valeur des écosystèmes marins).

D’autres sont reliées à des coûts plus difficiles à déterminer: (ex : les coûts de transport pour arriver à un site exceptionnel ou le prix de l’immobilier quand le bien est dans une zone environnementale protégée).

D’autres valeurs sont mesurées en fonction du coût de substitution (ex : restauration d’une rivière versus création d’un bassin), ce qui évolue souvent avec le temps et les techniques.

D’autres valeurs sont posées sur un marché fictif (ex : combien seriez-vous prêt à payer/recevoir pour protéger/sacrifier…)…

La propagation de l’idée que toutes les valeurs peuvent être mesurables et quantifiables représente un vrai danger. Et on l’a vu dans un premier post, quelle valeur pour l’amitié ?

Par ailleurs, on parle de valeur au singulier, mais en économie on distingue la valeur d’usage (= une chose nous est utile) et la valeur d’échange (= son prix).
Or on sait qu’il y a des choses à forte valeur d’usage (l’eau) mais à faible valeur d’échange (un diamant) et vice et versa.

On se rend donc compte que toute évaluation monétaire ne rend pas bien compte de la valeur intrinsèque d’une chose et comme il n’y a pas de marché de la nature on ne parle jamais que de sa valeur d’usage, ce qui est incomplet.

C’est en confondant ces deux notions, qu’on finit par dire « il faut donner un prix à la nature pour pouvoir la protéger » (Le monde, 20/10/2010).

De son côté, la philosophie distingue la valeur intrinsèque (en soi) et la valeur instrumentale (= moyen pour atteindre une autre fin, comme l’argent). Donc quand l’économie entend estimer la valeur de la biodiversité, elle agrège des valeurs très différente qui n’ont pas toutes la même unité.
Et il faut impérativement différencier les valeurs quantifiables par des éléments extérieurs à nous. Or si notre identité est faite d’interactions complexes et permanentes avec la nature, comment la quantifier comme si elle était hors de nous ?

Ces évaluations trouvent encore plus leurs limites dans les valeurs culturelles, esthétiques, spirituelles ou morales.

Alors il y a-t-il une solution ?

Si on admet que les activités humaines sont la cause d’une transformation radicale et irréversible de la planète, et que le moteur de celle-ci est le moteur économique, rien ne sert de chercher une solution dans la logique qui pose le problème. Par contre si on reconnaît la multiplicité des valeurs accordées au monde naturel, si on souhaite les étudier dans leur diversité et développer des espaces et des prises en compte de celles-ci, alors il y a une voie.

Certains ont avancé le concept de paiements pour services écosystémiques (ou PSE). C’est un système qui vise non plus à condamner les mauvais acteurs, mais à récompenser les bonnes pratiques afin d’encourager les comportements favorables à la biodiversité.

Ce concept est séduisant mais pose d’autres questions : ce paiement est instauré pour quels services ? La protection d’un espace ne va-t-elle pas encourager la surexploitation d’un autre ? Quid de la pérennité de la mesure si l’incitation financière n’est pas renouvelée ? Comment évaluer l’effet de ces mesures ?

En France, la loi sur l’environnement de 1976, renforcée par les accords du Grenelle de l’environnement, oblige les porteurs de projets à EVITER puis REDUIRE leur impact sur les milieux naturels. Lorsque des dommages résiduels demeurent ils sont dans l’obligation de COMPENSER ces impacts. Aujourd’hui des opérateurs proposent sur le marché des actifs de nature pour permettre aux destructeurs de s’acquitter facilement de leurs obligations (ex de la CDC-Biodiversité en plaine de Crau ).

Ce système n’est pas optimum mais il permet de sauvegarder certains espaces remarquables a fort potentiel de régénération.

Donc à tout vouloir monétariser, on éloigne les gens de leur capacité à nouer une relation éthique avec le monde naturel. Et c’est cette capacité que terres à Terre veut développer.

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Qui était John Muir ? (partie 3)

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Qui était John Muir ? (partie 2)

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Qui était John Muir ? (partie 1)

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Les institutions du bien des sols, partie 3 : la...

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La déviance entre l’économie des mesures de compensation et l’économie de l’environnement 1ère partie

17/10/2022

La déviance entre l'économie des mesures de compensation et l'économie de l'environnement (partie 1)

Dans un précédent post nous avons évoqué le livre de Virginie Maris «  Nature à vendre ». On évoquait le petit glissement, insidieux, qui explique comment est né, au fil du temps, un droit à détruire nos écosystèmes et ce, en toute légalité quand la valeur économique d’un bien naturel est déclarée négligeable.

Intéressons-nous plus spécifiquement à son sous-titre « la limite de services écosystémiques ».

La politique de conservation sur la biodiversité en France naît avec le sommet de la Terre, à Rio de Janeiro en 1992. Les 176 Etats qui ratifient le traité s’engagent à protéger la biodiversité, à assurer une exploitation durable des ressources naturelles et à ouvrer à la distribution équitable des bénéfices qui en sont tirés.

Dans le préambule, les États se déclarent notamment conscients «  de la valeur intrinsèque de la diversité biologique, sur les plans environnemental, génétique, éducatif, social, économique, scientifique, culturel, récréatif et esthétique ».

C’est l’érosion de toutes ces valeurs sauf celle économique qui a conduit à la notion de services écosystémiques.

La notion de services écosystémiques est née, quant à elle, en 2005, après la conférence internationale sur la biodiversité. La même année, l’ONU publie un rapport (« évaluation des écosystèmes pour le Millénaire »), qui est censé faire le bilan de l’état des écosystèmes de par le monde mais qui en fait pose le bilan des bénéfices directement ou indirectement tirés par les sociétés humaines du fonctionnement des écosystèmes.

C’est à la suite de ce rapport que la notion de « services écosystémiques » commence à poindre et est souvent définie comme « un système relationnel qui relie un écosystème bénéfique et un individu (ou groupe) bénéficiaire».

Mais c’est occulter le fait que certaines fonction sont neutres ou ne représentent aucun bien pour les humains.

Et surtout cela met en exergue que tout est vu du point de vue de l’homme (lié à l’idéologie individualiste et libérale en vogue à l’époque).

Si on regarde le sujet à la loupe, à quel moment avons-nous perdu pied ?

Le glissement s’est fait par étapes, lentement : nous sommes d’abord passé d’une notion de diversité à celle des fonctions rendues par celles-ci : en effet, la biodiversité présente une diversité structurelle (beaucoup d’espèces différentes).

Mais par glissement on parle aujourd’hui de diversité fonctionnelle (Diaz et Cabido, 2001)(grand nombre de fonctions valorisées) qui rend mieux compte de la dynamique des milieux.

Mais dans la plupart de ces études, la diversité structurelle n’est pas appréhendée dans son ensemble (ce qui paraît très difficile), et la diversité fonctionnelle est difficile à mesurer. On a donc tendance à une généralisation.

Puis des fonctions, nous sommes passés à la notion de services : le glissement subtil entre fonction et service est, on l’a vu, un tour de force où les services sont présentés souvent comme un but des fonctions, ce qui n’est jamais le cas dans la réalité.

Un dernier glissement nous a amené des services à la protection de la biodiversité : si l’estimation selon laquelle seulement 103 espèces concourent à 90% de l’alimentation humaine végétale à travers le monde, qu’est-ce qui prouve que la protection de l’ensemble de la biodiversité soit le meilleur moyen de maximiser l’ensemble des services écosystémiques ?

Deuxième partie de ce post à lire dans une semaine, à la même adresse 😉

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